Six mois après que le tsunami a ravagé les côtes de l’Océan indien, des dizaines d’experts venus de 36 pays continuent à travailler pour tenter d’identifier les corps d’environ 750 personnes qui ont été signalées disparues après la tragédie dans le sud de la Thaïlande. Installés dans un immeuble des télécoms thaïlandais à Phuket, la grande île touristique du royaume, ces experts, qui travaillent sous l’égide d’un général de la police thaïlandaise, enquêtent, interrogent, comparent et analysent six jours sur sept pour permettre aux familles des victimes de récupérer les dépouilles des leurs et de commencer leur travail de deuil. « Tout est recherché, vérifié, selon un protocole très strict et rigoureux qui garantit la validité des identifications», explique Xavier Laroche, qui dirige l’équipe d’investigations du Centre Thailandais pour l’identification des victimes du tsunami (TTVI).
C’est un processus long, complexe, qui fait appel aux méthodes les plus sophistiquées de la police scientifique, car le tsunami a provoqué une situation sans précédent : des milliers de victimes de toutes nationalités dispersées sur une vaste portion de territoire. Et, après six mois, les corps sont très abîmés.
Le principe de base est le même que celui utilisé lors des accidents d’avions ou des attentats : il repose sur la comparaison au moyen de logiciels informatiques entre des fichiers répertoriant toutes les caractéristiques des corps retrouvés – le dossier post-mortem – et les profils ante-mortem des personnes signalées disparues. Ces profils peuvent inclure aussi bien des photos prises peu avant le tsunami (donnant des indications sur les vêtements), que des dossiers dentaires recupérés chez les dentistes des disparus, des empreintes digitales relevées sur un verre à dents ou des analyses ADN établies à partir d’un cheveu retrouvé sur une brosse. Une adéquation sans équivoque entre un dossier post-mortem et un dossier ante-mortem aboutit à une identification, mais ce résultat n’est parfois obtenu qu’après des mois de recherches. « Dans certains cas, on a l’intime conviction qu’il s’agit de telle personne, mais le processus scientifique doit être impérativement respecté, le but étant de ne faire aucune erreur d’identification même si cela demande un délai supplémentaire », dit Xavier Laroche.
Dans les cas d’identification les plus difficiles, la comparaison des profils ADN fait souvent figure de dernier recours, mais cette technique n’est pas sans failles, car le corps peut être parfois si décomposé qu’il est impossible d’en extraire le code génétique. « L’ADN est quelque chose d’assez fragile. Si les corps sont très abîmés, en cas de fractures par exemple, cela peut poser problème », confirme Elsa Hiver, biologiste au laboratoire technique et scientifique de la police de Lille. L’ADN est habituellement prélevé dans la moëlle de l’os : des sections de fémurs des corps retrouvés ont été envoyés dans divers laboratoires en Suéde, en Grande-Bretagne, en Chine et en Bosnie où se trouve la Commission Internationale pour les les personnes disparues (ICMP). « Nous en sommes au début. Quand les résultats d’analyses vont revenir en nombre, cela va monter crescendo », estime Elsa Hiver. Une analyse parfaite du code génétique d’un corps n’est toutefois pas la garantie d’une identification, car, on ne peut pas toujours établir un profil ADN ante-mortem de la victime elle-même. Il faut alors se référer aux génotypes des membres de la famille, ce qui se complique quand ces familles ont été décimées par le tsunami. Si les deux parents d’une victime dont on a extrait le profil ADN après le décès sont vivants, la probabilité d’une adéquation est très élevée, mais elle s’amoindrit pour un seul des parents et devient beaucoup plus faible si l’on ne peut recourir qu’à un frère ou un oncle. Les profils ADN sont entrés dans la base de données Plasdata, un logiciel créé à l’origine par les Danois pour identifier les victimes lors des accidents maritimes, qui recueille l’ensemble des données avant et après le décès et permet les comparaisons. Pour l’ADN, il en ressort des adéquations certaines, probables ou possibles, qui sont ensuite affinées sous forme de probabilités par les biologistes. « Pour qu’il y ait identification, il faut qu’on ait une probabilité de 99,9 %. Si c’est du probable ou du possible, l’équipe de conciliation (comité mixte d’experts chargés de revoir toutes les données) intervient pour regarder les autres éléments du dossier, comme les empreintes digitales ou les caractéristiques physiques », précise Elsa Hiver. Le logiciel ICMP utilisé par le laboratoire de Sarajevo pour identifier les victimes des guerres du Balkan dans les années 90, vient d’être mis en place à Phuket. Destiné uniquement aux comparaisons des profils ADN, il devrait permettre des progrès plus rapides que Plasdata.
L’identification par empreinte digitale ne souffre pas de telles incertitudes : c’est du tout ou rien. « Chez nous, il n’y a pas de demi-mesures. On ouvre ou on ferme des portes », indique François Drillet, spécialistes traces au fichier centralisé des empreintes digitales. Là aussi, le terrain de travail post-tsunami présente des défis inédits. Sur des corps décomposés, l’épiderme a disparu et on ne peut plus faire de relevé d’empreinte au moyen de l’encre. « Les crêtes sont moins visibles, il faut aller jusqu’au derme, mais quand le corps est très abîmé, le relevé d’empreinte peut devenir impossible », dit François Drillet. Chaque pays a tenté de trouver des nouvelles techniques. L’équipe espagnole effectue des relevés d’empreintes sur le derme avec de la poudre noir animal qui est ensuite transférée à l’aide de scotch, un procédé qui s’avère efficace et qui a été repris par l’ensemble des experts présents. Une fois, le relevé d’empreinte effectué, et bien sûr si l’on dispose d’une empreinte ante-mortem (souvent relevée au domicile du disparu sur un objet qu’il utilisait habituellement), les experts déterminent sur ordinateur des points caractéristiques de l’empreinte - les bifurcations, les arrêts de lignes, les îlots et les lacs – puis effectuent un calcul algorithmique. La régle veut que si douze points de l’empreinte post mortem correspondent à douze points d’une empreinte ante mortem, sans aucune discordance que l’on ne puisse expliquer par une blessure ou une rupture, il s’agit de la même empreinte. Seules de longues années de pratique permettent cette évaluation. « L’informatique permet de faire un tri dans les milliers de données, mais il faut vérifier à l’œil point par point. Il n’y a que l’œil humain qui peut valider le « hit » », dit François Drillet.
Les analyses d’odontogrammes par des experts dentaires sont souvent des éléments déterminants, car les dents restent intacts même six mois après la tragédie : cette technique d’identification avait été utilisée pour la première fois lors de l’incendie du bazar de l’hôtel de ville de Paris au début du siècle lorsqu’elle avait permis de reconnaître un membre de la famille impériale autrichienne. Dans le cas présent, le plus difficile est de récupérer des dossiers dentaires ante-mortem ou même de retrouver le dentiste habituel de familles qui ont été entiérement décimées par le raz de marée. Mais parfois, l’identification est rendue délicate par le manque de données ante-mortem, notamment dans le cas de très jeunes enfants qui n’ont pas de dossiers médicaux. C’est alors un élément extérieur qui peut permettre de faire progresser l’identification : ainsi, l’analyse d’une couche trouvée sur un corps d’un très jeune enfant peut permettre de trouver le pays de fabrication de l’objet et, donc la nationalité possible du bébé. L’équipe d’Investigations, chargée de traiter de toutes les requêtes de l’équipe de conciliation, a, par ailleurs, retrouvé vivante une personne portée disparue après le tsunami.
Selon les équipes du TTVI, certains corps resteront définitivement non identifiés. D’abord parce que des victimes ont été enterrées sous la boue consécutive au passage du raz de marée. Mais aussi parce que des milliers de birmans travaillaient, parfois illégalement, dans les hôtels, les restaurants et les entreprises de pêches de cette région de Thaïlande et des centaines d’entre eux ont probablements été tués par le tsunami. Pour ces petites mains anonymes, il n’existe pas de dossier ante-mortem et donc pas d’identification possible. Un certain nombre d’entre eux se trouvent sans doute parmi les centaines de corps, entreposés dans des caissons réfrigérés, qui restent non identifiés dans le cimetière Mai Khao de Phuket. Pour les corps qui ne correspondent à aucune donnée ante-mortem, le processus d’investigation s’arrête. Les experts du TTVI pensent pouvoir clôre définitivement le travail d’identification pour le premier anniversaire du tsunami, le 26 décembre prochain.
Arnaud Dubus (Libération).
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Seri Rosmah Mansor, wife of Malaysia's next prime minister Datuk Seri Najib Tun Razak, she stressed that her conscience was clear, saying that her own test of character is "whether you wake up , in the morning and look in the mirror, whether you like yourself or not, whether you have told the truth or not." - AP She forgot that the soul and spirit of Altantuya is waiting and going to curse and haunt her husband anytime and anywhere he goes. Tell Rosmah to raise her hand and voice to swear in front of Altantuya photo in the eyes of the public that Najib is innocent without knowing and touching a single hair of Altantuya. Ripley said "Believe it or not ...she dares no raise her voice and her hand to confess it. A Malay proverb saying: "A LIAR NEVER CLOSE HER EYES NO MATTER WHAT SHE SAYS, A LIAR IS ALWAYS A LIAR." A Chinese proverb saying : "A Paper cannot cover up A Fire", the Smoke will come out with more FIRE". "My daughter has been murdered by Malaysians on Malaysian territory. And they did not even offer a word of apology," states Altantuya's dad, a professor of psychology at the National University of Mongolia.” Ii is indeed shameful to declare we are Malaysians when we are visiting overseas. This is because the remark above branded all Malaysians are Murderers of a pregnant Mongolian girl in a lawless land called Malaysia Boleh. What a disgraceful remark to all Malaysians ? Many doubtful questions were unanswered by UMNO leads BN government and the Judges in the Court. Why the BN government is silent and kept shut up on his remark? Why UMNO does not take action against the French journalist on her report in Paris news? Why BN and UMNO are not telling the whole truth and clean up the messes in this high profile case? Who is hiding and cover up who in this murder case ? Why the two police officers were charged on carrying out their strict duties by obeying their leaders' orders in PDRM ? Who instructions and who gave them the order to execute the pregnant Mongolian girl ? Why the accused police officers dare not speak up and confess to tell the truth in the Court ? Do we Malaysians want to shake dirty hands of unclear PM today ? Do we want to see the World Leaders shy away and walk out when the PM approaches them ? Last but not least, do Malaysians want a tainted PM to lead a democracy Malaysia ? InsyALLAH ... GOD knows better !
TO HELL IS WAITING FOR THE REAL MURDERER ! - MY GOD
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