Saturday, June 05, 2010

For Thai Police, Double Standard is the Bottom Line


C'est un de ces incidents idiots qui arrivent régulièrement aux farangs qui pilotent des motos dans Bangkok : l'embuscade. Revenant de l'Alliance française, sur ma platinum 150cc made in China, je me positionne sur la voie de droite au feu rouge Sathorn-Rama IV, histoire de virer plus court et de griller mes concurrents qui se sont placés sur les deux voies les plus à gauche. C'était un traquenard : un policier souriant avance au milieu des voitures et me fait signe de me garer près du petit bunker vitré de police sur le terre plein central.
“Bien sûr, Monsieur l'agent Jerason”, je dis après avoir déchiffré son nom sur sa plaque de poitrine. “Ohoooooo ! An phasa thai dai duei” (oh, tu peux lire le Thaï), lâche t il avec un sifflement admiratif. Dans la petite casemate, un officier à lunettes me prend en charge. “Il va falloir payer l'amende”, me dit il, l'air désolé de devoir appliquer la loi aussi impitoyablement. “D'accord, je dis, pas de problèmes”. Ma réponse provoque sa perplexité. Il s'attendait à une résistance. “Il faut payer”, répéte-t-il. “Oui, je suis tout à fait d'accord, d'ailleurs Monsieur le Premier ministre Abhisit a dit qu'il fallait suivre strictement la loi”, je réponds. L'officier sent qu'il doit y avoir anguille sous roche. “C'est quoi ton métier ?”. “Journaliste”, je réponds. “Hmmmmm, journaliste. Montre ta carte” - il regarde la carte de plastique violette, puis dit : “C'est bon tu peux y aller”. “Non, non, il faut appliquer la loi. C'est très important, comme l'a dit Khun Abhisit. Sinon, les gens vont croire que je suis une chemise rouge”, j'insiste. L'officier et l'agent éclatent de rire. “Vas y. Faites attention à la circulation. Dès que le feu est vert, tu peux virer au plus court”.

Pas de chances : j'ai grillé le feu rouge de la place clichy pensant qu'à une heure trente, aucun policier ne pourrait me voir. Un officier était en faction et me fait signe de m'arrêter en pointant vers moi un doigt impératif. “Feu rouge grillé. Ton compte est bon, mon coco. Suis moi au poste”. Je le suis, après avoir garé ma moto. Le commissariat est à deux pays.
Là un officier me prend en charge. “Bonjour, officier Pourron”, je dis poliment en lisant son nom. “Tu te fous de ma gueule, ou quoi ? On n'a pas gardé les cochons ensemble”, lance l'officier Pourron avec mauvaise humeur. Ca s'engage mal. “On va t'enlèver quinze points de ton permis. Et tu as de la chance, car normalement c'est suspension pour six mois”. “Monsieur l'officier, suspendez mon permis, je suis pour l'application de la loi dans toute sa rigueur. Comme l'a dit le président Sarkozy. Sinon, ils vont penser que je fais partie de la “racaille” de banlieue qu'il faut “nettoyer au Karscher””, je réponds. “Hmmmmm, tu fais quoi dans la vie pour être aussi malin ?”, s'enquiert l'officier Pourron. “Journaliste indépendant. Voici ma carte de presse. Tout est en règle”, dis je en montrant ma carte 2010. “Journaliste. Ah Ouais, Monsieur fait le malin et en plus Monsieur est journaliste. Et bien, tu vas passer la nuit au poste, mon coco !”.

Arnaud Dubus

3 comments:

YOTCHOL said...

Je confirme. Ca m'a valut 24 heures de garde à vue 6 mois de retrait de permis et 4000 francs d'amende en 1992 à Aulnay-sous-Bois. A Manille, au mieux c'était une San Miguel !

Yvan Cohen said...

J'adore cette histoire...ecrit avec humour mais qui eclaire si bien l'ecart entre l'application de la loi en Thailande et en France...Mon blogger prefere!!

Unknown said...

Excellent! Pour un peu, on en viendrait à apprécier les policiers thaïs... A condition de fermer les yeux sur tout le reste, bien sûr.